644554534Le prochain président de l’Association américaine de la psychologie énergétique intégrative, l’ACEP, sera un des prestigieux conférenciers à intervenir lors du premier Congrès français de la psychologie énergétique qui se déroulera les 18 et 19 mars 2017 à Lyon. Dans cette perspective, j’ai eu le plaisir de l’interviewer à propos de son vécu professionnel, de son expérience de la thérapie énergétique et des avantages de cette famille de techniques thérapeutiques.

JM Gurret : Phil Mollon vous êtes anglais et vous serez le prochain président de l’Association américaine de la psychologie énergétique intégrative, l’ACEP.
Pourtant à l’origine vous êtes psychologue et psychanalyse. Vous avez écrit de nombreux livres sur différents aspects de la psychothérapie, dont le traumatisme, la honte, la dissociation et vous avez travaillé au sein de la prestigieuse clinique Tavistock à Londres. Pour tous ceux qui ne connaissent pas cet établissement, il s’agit du  le premier centre de thérapie psychanalytique anglais conventionné fondé en 1920. Parmi tous les grands noms de la psychanalyse qui ont collaborés au sein de cette institution, nous pouvons citer notamment John Bowlby, le père de la théorie de l’attachement. Alors mon premier objectif  sera de comprendre votre parcours et de savoir comment en partant de la psychanalyse vous en arrivez à la psychothérapie énergétique ?

Phil Mollon : Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours aimé la psychanalyse et la manière qu’elle a d’explorer les parties les plus profondes de l’être humain. J’ai toujours voulu me former à la psychothérapie et la psychanalyse et c’est la voie que j’ai choisie. Après une formation de psychothérapeute à la clinique Tavistock, je n’avais pas encore fait la formation de psychanalyste, mais j’avais reçu une bonne formation de psychothérapeute. Et quelques années plus tard, je travaillais dans une clinique de psychiatrie générale, où l’on me demandait de voir un certain nombre de personnes qui étaient très perturbées – et j’essayais de travailler avec beaucoup de ces gens qui présentaient vraiment, pour la plupart, des traumatismes graves dans leur vie d’enfant et d’adulte. Deux choses m’ont alors frappé : la première, c’était que le genre de travail psychanalytique qui m’avait été enseigné ne semblait pas avoir grand-chose à dire du vrai traumatisme d’enfance, ni du travail sur quelque genre de traumatisme grave que ce soit.

La seconde chose, c’était que les personnes gravement traumatisées me parlaient, et trouvaient peut-être que j’avais de l’empathie et que j’essayais de les aider, mais ça ne les aidait pas à aller mieux. Ils pouvaient parler de leurs terribles expériences et je pouvais faire de mon mieux pour leur donner des commentaires compassionnels et interprétatifs pour essayer de les aider, mais elles allaient de mal en pis. Donc, une consultation de psychothérapie ordinaire, avec toute sa compassion et sa compréhension, était littéralement pire que rien pour ces personnes-là.

Je suis donc parti en quête de meilleures manières d’aider les gens. Parce que j’avais l’impression que les thérapies purement verbales, quelles qu’elles soient, n’étaient pas suffisantes. Elles aident jusqu’à un certain point, mais il faut aller plus loin, il faut trouver quelque chose de plus.

Et puis, vers la fin des années 1980 et le début des années 1990, l’EMDR est arrivé (Eye Movement Desensitization and Reprocessing), et j’ai trouvé que c’était une méthode très utile, donc j’en suis devenu un utilisateur averti.

Puis j’ai entendu parler, d’abord par des collègues praticiens de l’EMDR, d’une méthode énergétique particulière appelée EFT, Emotional Freedom Technique. J’ai commencé à explorer cette technique et je l’ai trouvée encore plus utile que l’EMDR, parce qu’elle est très efficace et très douce, donc elle est idéale pour les personnes traumatisées et, de fait, elle marche bien pour la majeure partie des troubles psychologiques.

À partir de là, j’ai commencé à me rendre compte que l’EFT n’était qu’une partie d’une famille bien plus vaste de méthodes psycho-énergétiques. Et je me suis passionné pour ce champ, parce qu’il semblait regrouper de très nombreuses thématiques qui m’avaient été chères depuis des années, depuis mon enfance même. Il y a tout le champ de la psychanalyse, qui est toujours très pertinent, et le champ de l’énergie et des phénomènes que la vision conventionnelle des choses considère comme « anormaux » : la télépathie et les choses de cet ordre, la manière qu’ont les gens de communiquer par des moyens qui sont difficilement compréhensibles dans nos termes conventionnels. Et le champ de la spiritualité qui devient également très pertinent quand on commence à comprendre les dimension énergétiques supérieures.

Ainsi cette quête des meilleures méthodes d’aide, que j’ai entamée vers l’âge de 35 ans, quand j’ai commencé à avoir des expérience décourageantes avec des patients traumatisés, je n’en ai jamais atteint le bout – et j’ai maintenant 65 ans.

JMG : Quelles différences faites vous entre les techniques énergétiques et d’autres pour le traitement des traumas ?

PM : Un des problèmes qu’ont certaines approches contemporaines de la psychanalyse, le genre d’approches qui ont tendance à être concentrées assez exclusivement sur ce qu’elles appellent le « transfert » et « l’ici-et-maintenant », est qu’elles ont tendance à refuser l’exploration directe des souvenirs d’enfance au motif que les troubles sont présents dans la psyché et s’activent lors du contact avec le thérapeute dans l’ici-et-maintenant, et je pense que ce genre d’approches peuvent avoir tendance à obscurcir et éclipser la connexion avec le véritable événement traumatique survenu pendant l’enfance et l’empêcher d’être traité.

Mais il faut quelque chose de plus simple que la parole. Donc l’EMDR était la première méthode à faire usage de l’activité somatique, que ce soit des mouvements des yeux ou des stimuli auditifs ou des tapotements bilatéraux de chaque côté du corps, la stimulation des deux hémisphères semblait aider le cerveau à soulager les traumatismes.

Alors, l’un des problèmes de l’EMDR est que ce n’est pas une méthode particulièrement douce. En fait, ça peut même être assez violent émotionnellement pour le patient, parce que ça tend à impliquer qu’il revive de manière assez vive ses souvenirs traumatiques, alors que les méthodes énergétiques semblent se passer de cela. Elles semblent avoir simplement besoin que la personne réfléchisse un petit peu à son expérience traumatisante, puis on utilise les méthodes énergétiques, et cela semble suffire. Et il n’y a pas cette nécessité de vivre à nouveau, de manière complète et potentiellement re-traumatisante, l’expérience négative.

Et aussi, les méthodes énergétiques permettent à la personne de repartir de la séance en se sentant bien mieux, en se sentant plus légère, plus à l’aise, plus confortable. Tandis qu’avec la thérapie verbale conventionnelle, les gens repartent souvent en se sentant très mal. C’est la fin de la séance, il faut qu’ils y aillent, et ils se sentiront mal – jusqu’à la prochaine fois. Et avec les méthodes énergétiques, les gens repartent de la séance et se sentent bien.

JMG : Vous vous êtes formé à un grand nombre de techniques psychothérapiques : vous êtes qualifié en EMDR et vous a étudié le protocole REMAP par les mouvements oculaires et l’acupression. Certains des principes-clés de votre travail sont tirés de votre formation en Thought Field Therapy (TFT) ainsi que l’EFT, la Thérapie Intégrative Avancée Seemorg Matrix, la technique Healing from the Body Level Up et la TAT (Tapas Acupressure Technique). Aujourd’hui quelle est votre pratique ?

PM : Oui, j’ai bien essayé d’apprendre autant de méthodes énergétiques que possible, oui. Je n’arrive pas à suivre les conditions requises pour toutes ces approches. Je me concentre vraiment juste sur l’évolution de ma propre méthode de travail à partir de ces diverses approches.

Donc, l’une des choses qui m’ont frappé avec l’EFT, par exemple, est qu’elle facilite vraiment le processus d’association libre. Une fois qu’une personne a commencé à stimuler ses propres points d’acupuncture, ses pensées et ses émotions commencent à changer : la personne est moins bloquée dans ses boucles, sa rumination de pensées et d’émotions et tout commence à couler et bouger et à changer, et de nouvelles perspectives émergent.

En fait, je vais refaire une petite parenthèse : l’une des choses importantes que j’ai apprises en commençant l’EMDR est que le changement du client, sa capacité à changer, le processus de changement et de résolution de ses problèmes ne dépendent pas des perspectives ou des interprétations savantes du thérapeute, ni même de son empathie ou de leur relation. Ce que le thérapeute doit faire est de s’écarter et se mettre dans un rôle de facilitateur pour le processus interne du client. Et cela a été une révélation pour moi. De me rendre compte que je n’avais pas tant à faire que ça : il fallait juste que je permette à quelque chose de se passer à l’intérieur du patient. Cette notion de processus est restée quand j’ai continué mon exploration du travail énergétique, donc je ne fais pas souvent d’interprétations psychanalytiques : le client fait les siennes, une fois qu’il a commencé à stimuler ses points d’acupuncture.

Donc le contenu de ce qui émerge reste, à mon sens, très psychanalytique. Il a entièrement trait à la dynamique de l’esprit et aux expériences d’enfance qui peuvent être interprétées psychanalytiquement.  C’est juste la manière de travailler qui peut être un peu différente.

Je trouve que la psychologie énergétique se conjugue au mieux avec Freud. De tous les psychanalystes, Freud est celui avec lequel elle est la plus compatible. Certaines des premières théories de Freud entretiennent des ressemblances frappantes avec certaines des perspectives de la psychologie énergétique, ses pensées sur la libido et cætera.

 Et aussi sa compréhension du transfert et de ce qui en émane de temps en temps. Il arrive qu’une chose qui se situe en réalité dans le passé soit projetée sur la personne de l’analyste – et c’est occasionnel. C’est comme cela que Freud décrit le transfert, pas comme quelque chose qui se passe en permanence. Et depuis, au fil des ans, des analystes ont commencé à penser le transfert différemment, et ils ont tendance à penser que le transfert se passe tout le temps. Et je pense que ça n’est pas nécessairement une bonne manière de voir les choses. Je suis enclin à penser que Freud avait raison, que ça se passe de temps en temps. Et c’est mon expérience en travail énergétique. On travaille surtout sur ce qui se passe à l’intérieur de la personne, sur ses propres souvenirs et ses expériences internes. De temps en temps, quelque chose ressort et interfère dans la relation de travail entre le client et le thérapeute – et on le traite en tant que transfert, et cela s’en va. Donc, le transfert émerge de temps en temps, mais brièvement et on ne s’y attarde pas : on essaie de voir d’où il vient et de le traiter comme cela.

Un autre aspect du travail qui me semble très important est la perspective, venant à la base de la thérapie du champ mental, selon laquelle tout état de détresse ou de douleur, que ce soit mental ou physique, a un codage énergétique dont l’information est dans le champ énergétique sous la forme d’une séquence de tapping de méridiens que l’on peut trouver grâce à des procédures simples de tests musculaires ou de signalement énergétique. Si vous savez vous y prendre, vous pouvez trouver ces codages spécifiques, pour quoi que ce soit, vraiment. Et j’ai toujours trouvé ça absolument incroyable, comme idée : tout état de détresse a un codage énergétique sous-jacent, et on peut travailler avec ce codage pour soulager la douleur ou la détresse. Et puis, en apprenant à trouver facilement ces séquences – au début, c’est un peu encombrant, si on fait directement du test musculaire sur la personne, de trouver chaque point de la séquence – mais en s’y améliorant, ça devient presque comme une lecture du champ de la personne, pour trouver la séquence. Donc dans une grande partie de mon travail, ce que je fais, c’est que je guide la personne pour qu’elle stimule des points ici, ou là, et je lui dis : « dites-moi ce qui vous vient à l’esprit ». Donc, on permet aux méridiens de parler. On peut aussi travailler avec les chakras, mais il faut permettre au système énergétique de parler, c’est une question de sensibilité. Il s’agit d’amener le corps à participer à la conversation thérapeutique. Et je pense que c’est une des choses que la psychologie énergétique a fait : elle a amené le corps dans la conversation thérapeutique. Elle permet au corps de parler, par le biais, notamment, des tests musculaires – alors, on peut faire les tests musculaires directement, ou on peut tester sur ses propres muscles en lisant le champ de son interlocuteur – mais il y a aussi d’autre manières de faire.

Les tests musculaires ou les signalements énergétiques ne sont qu’une méthode parmi tant d’autres pour porter notre attention sur le corps, donc on va souvent demander au client de remarquer la sensation dans son corps. On peut lui demander de dire quelque chose et de décrire ce qu’il a ressenti en le disant : « est-ce que ça sonnait vrai quand vous l’avez dit ? Ou bien est-ce que ça sonnait faux ? » Et il se peut qu’il décrive une tension physique en affirmant certaines choses. Donc s’ils disent « je veux résoudre ce problème », « est-ce que ça sonnait vrai ? » il se peut que la personne dise : « non, j’ai ressenti une tension dans mon ventre en le disant », ce qui indique qu’il y a une sorte d’objection interne. Donc ce que je pense, c’est que la découverte cruciale du Docteur Callahan est ce qu’il a appelé l’inversion psychologique, dans laquelle l’esprit et le système énergétique s’organisent contre la résolution du problème. Le Docteur Callahan ne semblait pas capable d’identifier les motivations derrière ces inversions, mais ce qu’on trouve typiquement, c’est qu’ils se basent sur des objections internes, généralement dues au fait que la personne ne se sente pas en sécurité sans son problème, ou qu’elle ne pense pas mériter de se débarrasser de son problème, ou que son identité sera compromise si elle résout le problème, ou qu’elle est trop en colère pour le résoudre, ou quelque chose comme ça. Et une fois qu’on prend en compte ces objections internes, ou ces inversions psychologiques, on obtient des informations très précises sur la psychodynamique de l’esprit qui maintient le problème en place. Et on peut ensuite le traiter assez directement. Et ça rend le travail psychodynamique très précis, et bien plus rapide, je pense.

JMG : De quoi allez vous traiter lors de votre conférence et de votre atelier ?

PM : Dans ma présentation, je décrirais davantage les questions auxquelles j’ai fait allusion ici, donc je parlerais de ma propre trajectoire, de la psychanalyse à la psychologie énergétique et la psychologie énergétique psychanalytique, j’expliquerais certains des problèmes que je vois dans la psychothérapie conventionnelle et comment la psychologie énergétique propose des solutions à ces problèmes, et je parlerais de certaines des tendances générales que j’ai vu émerger dans le champ élargi de la psychologie énergétique, certaines des directions extrêmement intéressantes que ce domaine, dans son ensemble, a l’air de développer, et les perspectives que cela ouvre pour la psychothérapie en générale.

Ensuite, lors de l’atelier, j’enseignerais la psychologie énergétique psychanalytique, ses principes et les procédures de base : comment trouver, comment lire le codage énergétique derrière tout état de détresse. Le principe de base est relativement simple et, avec la pratique, les gens pourront apprendre à le faire. Et je donnerais aussi quelques informations sur le travail plus avancé que je pratique en ce moment et la désynchronisation des champs énergétiques et des choses comme ça, le travail avec le soi parallèle, divers aspects ésotériques du système énergétique qui permettent parfois d’obtenir des changements très profonds très rapidement, d’une manière qui m’étonne encore grandement. Voilà quelques-unes des choses que je présenterais lors de la conférence.